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La genèse / dialogue

Tout petit, je souhaitais devenir archéologue. J’étais un gamin qui désirait ardemment déterrer les reliques au fin fond d’une nécropole. Les récits chevaleresques et autres légendes n’ont eu de cesse de m’influencer. Je cherchais constamment à m’évader vers un monde mystérieux en esquissant des bestiaires échappés d’un grimoire poussiéreux. Bien plus tard, j’ai eu la chance de renouer avec mes rêves d’enfant. Ma formation aux Beaux Arts de Limoges a été le premier pas vers une profonde mutation; dans un joyeux chaos, en plongeant les mains dans l’argile, j’entrevoyais ma voie.

Mes pérégrinations achevées, par un heureux hasard, je franchissais la porte d’une fonderie d’art et étais pris sous la tutelle d’un érudit en la matière. Par l’apprentissage du moulage, je pouvais enfin œuvrer sur les sculptures triomphantes de mon imaginaire. Je devenais l’archéologue de mon enfance. Puis, grâce à la fonderie, le métal solide se muait en matière liquide, je transformais le plomb en or, je devenais alchimiste. A présent, je ne fantasme plus les trésors gardés par un dragon endormi. Avec Zoé, nous façonnons nos propres artéfacts, éclats de notre quête vers l’outre-monde.

Bérenger

Concevoir et matérialiser un univers propre n’est pas chose aisée. C’est un long cheminement qui se traduit par des rencontres, celle de ma grand-mère d’abord, couturière aux mains travailleuses; puis la rencontre de la matière elle-même. C’est au sein des ateliers de l’ENSCI que je l’apprivoise, la tissant fil après fil, lui murmurant de se fondre dans mes mains. J’y intègre des fils de cuivre, cherchant à emprisonner dans l’étoffe leur éclat métallique. Sans le savoir, je viens de faire un pas de côté. Dans leur dualité, métal et textile se sont embrassés, embrasés même. Quand je rencontre Bérenger, naturellement nos références, nos imaginaires se mêlent, aussi joyeusement et de manière aussi inextricable que les motifs et méandres que nous nous plaisons à créer. La fluidité s’empare de la rudesse du métal. Le motif, ornemental, assumé, conte les mythes et légendes d’un cosmos que nous échafaudons ensemble. C’est celui des contrées oubliées, des mondes engloutis qui un jour recrachent à leur surface les parures des rois, les tessons de faïence, les statues endormies et les reliques d’un autre temps.   

Zoé

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Cosmos / passerelle

Aujourd’hui, sous l’entité PONTFLEURI, nous composons une identité où chaque médium et chaque technique ont la place de s’épanouir librement. Fonderie, moulage, sculpture, gravure se superposent pour ne faire qu’un. Nous pensons l’objet à porter bien sûr, mais aussi son environnement, son piédestal, avides de dessiner les contours d’un monde aux échos multiples, faisant fi des frontières entre les champs de la création.  Par la scénographie, formes et matières entrent en résonance pour mieux raconter ce cosmos que nous nous plaisons à invoquer. 

Dans l’ombre de notre nom d’artiste, la silhouette d’un pont se découpe sur l’horizon. Ce dernier tend à relier les temps, ceux passés et à venir mais aussi à rassembler sous la même cime les inspirations des six continents et des sept mers. Ce pont, nous le tissons, nous le tressons à quatre mains, non de fils d’or mais de mille herbes folles, de lambeaux d’étoffes et de nos quêtes enfantines.  

Grâce à lui, nous déployons des trames parallèles, une constellation de motifs et de formes, des nœuds pour piéger le regard et canaliser les énergies, des gueules grandes ouvertes pour intimider l’ennemi.. 

Bérenger et Zoé